Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/211

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— Qu’as-tu donc vu ? dit Raschid, subitement attentif.

— Un chevalier franc, blessé, criant à l’aide, une femme, une houri céleste, accourait, qui le ranima, le pansa et, après divers échanges d’affectueuses paroles, lui révéla qu’à sa grande terreur on la conduisait, comme otage, dans le château de Raschid ed-Din.

— Cette femme, elle s’est laissée voir à lui, sans voile ? s’écria Raschid sans dissimuler son émotion.

— Oui, maître : croyant que l’homme allait mourir, elle s’est dévoilée.

— Poursuis.

— Le blessé lui offrit de la défendre, d’être son chevalier.

— Qu’a-t-elle répondu ?

— Elle a accepté et doit l’avertir par un signal, si un danger la menace.

— Un signal ?

— Son voile blanc, flottant à l’un des créneaux.

— Est-ce tout ?

— Elle lui a dit son nom.

— Ce chevalier, qui est-ce ?

— Le comte Hugues de Césarée.