Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/24

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eux. Mais nous étions très fermes dans notre vouloir, et le calife allait céder. En face de nous, un rideau magnifique, tout couvert d’or et de perles, cachait le fond de la salle. Il se replia tout à coup, et, assis sur un trône d’or, le souverain parut devant nos yeux. Tous se prosternèrent comme au pied du trône de Dieu ; seuls, nous, les Francs, après un salut courtois, nous restâmes debout, regardant en face le calife El-Adhed-ledin-Illah. C’était un adolescent, beau de visage, brun de peau, aux cheveux noirs, à la barbe naissante. Il semblait très curieux de nous voir et ne put retenir un sourire de sympathie en s’apercevant, peut-être, que j’étais d’âge à peu près égal au sien. Avec grande humilité, son vizir, Schaour, vint lui baiser les pieds, puis lui expliqua, en peu de mots, le but de notre ambassade, et le contenu des pactes et alliances accordés en son nom et qu’il devait confirmer. À cela le calife répondit, très gracieusement et avec beaucoup de calme, qu’il était prêt à accomplir de point en point ce qui avait été convenu par ses ambassadeurs entre lui et son cher ami le roi de Jérusalem. Mais nous, nous exigions qu’il répétât lui-même le serment de foi inviolable, en me donnant sa main en