Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/25

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signe de fidélité. Cette prétention souleva un grand tumulte, parmi les Égyptiens, car elle était contre leurs usages et offensait la majesté royale. Après de longues délibérations, le vizir déclara que son maître consentait à nous donner sa main, mais couverte d’un voile. Alors, au grand ébahissement de l’assistance, qui ne pouvait comprendre tant d’audace, devant la majesté royale, je dis, d’une voix haute et tranquille : « Seigneur, la foi vraiment loyale ne cherche pas les cachotteries. Celle par laquelle les princes ont coutume de s’engager ne peut s’affirmer que par des choses nues et ouvertes. Tout ce qui, par l’entremise de la foi, est inséré dans les pactes doit être lié et délié avec sincérité, sans qu’il y ait ni fard ni déguisement d’aucune sorte. C’est pourquoi ou vous donnerez la main nue ou nous serons contraints de penser que, de votre part, il y a quelque feinte et que votre foi n’est pas aussi pure et entière qu’il convient qu’elle soit. » En entendant cela, le calife, vivement, rejeta le voile et mit sa main droite, nue, dans la mienne, en souriant encore, ce qui sembla mécontenter les Égyptiens, et, serrant ma main d’une étreinte loyale, il répéta le serment après moi, me suivant