Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/245

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lui sembla plus grand que l’illimité. La lumière et l’ombre étaient là soumises, se posant, selon l’ordre, aux rondeurs des colonnes, aux nervures des arceaux fleuronnés, allumant les ors et les émaux, tissant des voiles de mystère au lointain des perspectives.

Incrustées dans l’or, des végétations de pierreries fleurissaient l’albâtre des parois : des pierreries belles comme des yeux. Et, avec elles ; il échangea des regards.

Mais, dans sa béatitude, quelque chose l’oppressait : était-il donc seul de sa race ? N’y avait-il que lui au monde ?… Dans des ajourements de l’architecture, de grands aigles, posés comme des statues, vivaient. D’un mouvement de leurs prunelles, couleur de soleil, ils lui montrèrent, au loin, quelque chose de brillant. Et il vit, debout sur une sphère de cristal, vêtue de brouillard et inondée de rayons de lune, une femme qui dansait. Des flèches de lumière jaillissaient à chacun de ses gestes ; elle s’avançait, en faisant rouler le globe clair sous ses pieds nus, avec une harmonieuse vibration qui rythmait la danse. Hugues était criblé de lueurs, dont chacune le brûlait comme une caresse, et les changeantes attitudes