Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/260

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remis à palpiter, et que j’attire aujourd’hui sous le poignard.

— Comment ne comprenez-vous pas que mille fois mieux me plaît de mourir par vous, que de vivre sans vous avoir revue ?

Mais Nahâr s’élança entre eux.

— Ah ! laissez toutes ces paroles flatteuses, dit-elle, et songez que vous êtes venu pour la sauver. Vous êtes vraiment un héros, puisque vous avez pu entrer ici. Alors, faites quelque chose.

— Parlez ! parlez ! dit Hugues, attentif. La brume qui couvre ma mémoire est comme traversée d’éclairs.

— Du haut de la tour, son voile blanc vous annonçait sa détresse…

— Oui ! oui ! couvert de mes armes, je m’élance ; mon cheval s’abîme dans le gouffre, tandis que moi, par miracle, j’échappe à la chute. Je remonte, j’atteins le château… puis… la nuit… le sommeil… un rêve merveilleux… un enchantement digne du ciel… ou de l’enfer… des délices sans pareils… et de nouveau l’oubli, l’évanouissement.

— Ah ! le magicien vous a pris dans ses pièges. Vous êtes, comme moi, en son pouvoir, prisonnier par ma faute.