Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/267

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ta résolution suffit à l’orgueil de mon amour. À nous, musulmanes, il nous est ordonné d’adopter la patrie et les croyances de notre époux. Il est le maître en toute chose. Va, sans rien redouter de l’enfer, confiante en la suprême justice, si tu le veux, je me fais chrétienne.

— Vous ! chrétienne ! Ô céleste joie !

Mais Nahâr, indignée, se jeta entre eux.

— Qu’ai-je entendu, princesse, renier l’islam !

— N’est-ce pas mon devoir, puisque je l’aime ?

— Ah ! défendez-vous donc plutôt ! tentez quelquo chose pour sauver votre vie. Vous songerez ensuite à votre âme.

— Non, non, dit Hugues, ; quand nos âmes seront sûres de l’éternité, il sera temps de songer à leur enveloppe fragile Notre vie bat peut-être ses dernières pulsations sur terre ; ne perdons pas l’avenir du ciel. Tout chrétien a le pouvoir, quand la mort menace, d’effacer le péché, en donnant le saint baptême. Gazileh, voulez-vous le recevoir de moi ?

— Je le veux.

Il l’attira doucement vers la fontaine où s’égrenait l’eau odorante.

— Cette eau, dit-il, te rendra la pureté primi-