Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/33

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lorsque son mari tournait la tête, échangeait d’ardents regards avec le roi.

— Écoutez donc : C’était la semaine passée ; je me promenais dans le jardin du palais pour goûter la fraîcheur du matin et je lisais, tout en marchant, un curieux manuscrit qui traitait de la navigation chez les Vénitiens. Tout à coup, voici quelque chose, tombant d’en haut, qui heurte ma tête et rebondit à mes pieds. C’était moins lourd qu’un fruit, moins léger qu’une fleur. D’ailleurs, je passais, à ce moment, dans un endroit découvert et il n’y avait que le ciel au-dessus de moi. Je ramassai cet objet qui me venait de façon si merveilleuse, pensant que, peut-être, quelque saint du paradis faisait un miracle en ma faveur. Je vis un morceau de parchemin roulé et qui semblait imbibé d’un parfum étrangement suave. J’étais si surpris que j’hésitai à le dérouler. M’y décidant à la fin, je vis, en caractères d’or, cette phrase écrite en notre langue : « Le prochain lundi, au coucher du soleil, un ambassadeur du Prince des Montagnes entrera à Jérusalem. »

—C’est le diable ! s’écria Eschive en se signant.

— N’est-ce pas celui-là que nous appelons le Vieux de la Montagne ? demanda Sybille.