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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/45

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Eh bien, oui, il mourra. Au prochain combat, il se fera tuer ; mais, auparavant, il tentera quelque chose : il fera un vœu.

Tout s’éclaire maintenant dans la chambre : le chevet doré du lit, les murs fleuris de peintures, les carreaux émaillés du sol, le tapis sarrasinois, sur lequel gît la belle couverture brodée. Le drap de fine soie est tombé, de l’autre côté. Hugues, dans sa fièvre, a tout bouleversé ; il est nu sur son lit, cherche en vain à se couvrir, ne trouve aucun vêtement. Du drap, qu’il ramasse, il s’enveloppe, comme un Romain dans sa toge, et court à la fenêtre qu’il ouvre.

La ville est silencieuse et déserte encore, toute sombre sous le ciel délicatement rose.

Les terrasses des maisons s’étagent, et l’on voit des Arabes qui dorment là, enveloppés dans des couvertures rayées. Quelques-uns s’étirent et bâillent, clignant des yeux, devant la lueur du ciel et se grattant la tête.

Une cloche commence à sonner matines au très prochain couvent de Sainte-Anne, et, de tous côtés, des sons plus graves lui répondent. À ces voix pieuses, le chevalier s’agenouille pour faire sa prière. Mais il la récite distraitement, des