Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/46

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lèvres seulement, tandis qu’il pense que ce n’est pas l’heure encore où son écuyer a coutume de venir lui secouer l’oreiller pour l’éveiller. Impatient, il se relève, déverrouille les portes, fait un grand tapage. Bientôt des valets se précipitent, effarés, à peine vêtus, du regard interrogeant le maître.

— Qu’on appelle Urbain.

L’écuyer ne tarde pas à paraître, mal ajusté, les yeux troubles de sommeil. Urbain est un très jeune homme aux bonnes joues fraîches, à l’air à la fois naïf et malin.

— Mon seigneur serait-il malade ? demande-t-il.

— Non, j’ai hâte de sortir : habillez-moi.

— En armes ? interroge Urbain, s’imaginant qu’il s’agit de quelque querelle à vider.

— Une robe à la mode syrienne, très simple, et une kéfié blanche, répond Hugues.

Les valets ont apporté une vasque de faïence émaillée, ornée d’inscriptions et d’arabesques couleur de lait sur un fond vert turquoise, des aiguières d’eau fraîche, des savons d’Antioche, des essences rares. Mais le chevalier repousse les parfums.