Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/48

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Les trois nefs étaient désertes ; les pas y sonnaient longuement. Le jeune homme s’agenouilla un instant devant le maître-autel ; mais ce n’était pas là qu’il voulait formuler son vœu. Il revint sur ses pas, vers un escalier bordé d’une balustrade de pierre, qui, d’un des bas-côtés de l’église, s’enfonçait dans le sol, et il descendit les vingt-deux marches qui aboutissaient à un souterrain creusé dans le rocher.

Quatre lampes éclairaient ce lieu voûté, où persistait un parfum d’encens, mêlé à une odeur de moisissure. Il était de forme irrégulière, et le roc vif apparaissait par places, entre des peintures à fresques. Un autel en pierre grise s’adossait, au fond, à la paroi de la grotte, et, au-dessus, un groupe en bois, sculpté et peint de couleurs naturelles, représentait saint Joachim, sainte Anne et, entre eux, tout enfant, Marie, essayant ses premiers pas.

Hugues s’agenouilla au pied de l’autel et, à haute voix, improvisa sa prière :

— « Ô Marie ! glorieuse Vierge qui êtes née en ce lieu même où mon humble voix résonne, vous que le roi du ciel a bénie entre toutes les créatures, que l’ange Gabriel a visitée, qui avez