Aller au contenu

Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Notre seigneur Raschid ed-Din — que sa bénédiction soit sur nous ! — salue le roi des Francs en lui souhaitant longue vie et prospérité. Il désire conclure avec lui une paix durable, être son ami et l’aider de son pouvoir, lui qui fait trembler les princes sur leurs trônes et dispose à son gré de leur vie. Mais il faut, pour cela, que le roi franc fasse cesser les méfaits et les abus criminels par lesquels les frères de la milice du Temple offensent Raschid ed-Din, notre Seigneur.

Des templiers qui étaient présents se levèrent brusquement à cette attaque, et l’un d’eux fit un pas vers l’ambassadeur. Un regard sévère du roi l’arrêta.

Abou Abd-Allah ne s’était pas interrompu.

— Que le Grand Maître, Odo de Saint-Amand, qui, par fraude et violence, extorque aux populations, voisines de la commanderie du Temple, soumises au prince des Sept-Montagnes, la dîme des récoltes, fasse cesser cet indigne larcin et qu’il respecte nos frontières.

Le templier qui s’était avancé prit la parole, sans l’agrément du roi.

— Il ne s’agit pas d’un larcin, s’écria-t-il, mais d’un tribut annuel de deux mille ducats consenti par le chef des Ismaïliens.