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LE CAPITAINE FRACASSE.

de ce train et si bien accompagné. Tout ce que purent faire Sigognac et ses camarades, ce fut d’observer la direction que prenait le cortège, bien faible indice pour retrouver Isabelle. Le Baron essaya de suivre les traces des roues, mais le temps était sec et leurs bandes n’avaient laissé que de légères marques sur la terre dure ; encore les marques s’embrouillaient-elles bientôt avec les sillons d’autres carrosses et charrettes passés sur la route les jours précédents. Arrivé à un carrefour où le chemin se divisait en plusieurs branches, le Baron perdit tout à fait la piste et demeura plus embarrassé qu’Hercule entre la Volupté et la Vertu. Force lui fut de retourner sur ses pas, un faux jugement pouvant l’éloigner davantage de son but. La petite troupe revint donc piteusement vers le chariot, où les autres comédiens attendaient avec assez d’inquiétude et d’anxiété l’éclaircissement de tout ce mystère.

Dès l’engagement de l’affaire, le laquais conducteur avait pressé la marche de la charrette pour ôter à Sigognac le secours des comédiens, bien qu’ils lui criassent d’arrêter ; et lorsque le Tyran et Scapin, au bruit du pistolet, étaient descendus malgré lui, il avait piqué des deux et, franchissant le fossé, gagné au large pour rejoindre ses complices, se souciant peu, désormais, que la troupe comique atteignît ou non le château de Pommereuil, si toutefois ce château existait : question au moins douteuse, après ce qui venait de se passer.

Hérode s’enquit d’une vieille qui cheminait par là,