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MALARTIC À L’ŒUVRE.

un fagot de bourrée sur sa bosse, si l’on était bien loin encore de Pommereuil : à qui la vieille répondit qu’elle ne connaissait aucune terre, bourg ou château de ce nom, à plusieurs lieues à la ronde, quoiqu’elle eût, en son âge de soixante-dix ans, battu depuis son enfance tout le pays d’alentour, son industrie étant de quémander et chercher sa misérable vie par voies et par chemins.

Il devenait de toute évidence que cette histoire de comédie était un coup monté par des coquins subtils et ténébreux, au profit de quelque grand, qui ne pouvait être que Vallombreuse, amoureux d’Isabelle, car il avait fallu beaucoup de monde et d’argent pour faire jouer cette machination compliquée.

Le chariot retourna vers Paris ; mais Sigognac, Hérode et Scapin restèrent à l’endroit même, ayant intention de louer, à quelque prochain village, des chevaux qui leur permissent de se mettre plus efficacement à la recherche et poursuite des ravisseurs.

Isabelle, après la chute du Baron, avait été portée dans une clairière du bois, descendue de cheval et mise en carrosse, bien qu’elle se débattît de son mieux, en moins de trois ou quatre minutes ; puis la voiture s’était éloignée dans un tonnerre de roues, comme le char de Capanée sur le pont d’airain. En face d’elle était respectueusement assis l’homme masqué qui l’avait emportée sur sa selle.

À un mouvement qu’elle fit pour mettre la tête à la portière, l’homme avança le bras et la retint. Il n’y avait pas moyen de lutter contre cette main de fer.