Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/220

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agréable impétuosité ; cet illustre conseiller, M. de Longueville-Gontier, qui a toutes les qualités d’un homme achevé ; M. de Saint-Gilles, en qui l’effet suit toujours l’envie de rendre service ; M. de Lignière, dont les productions sont les effets d’un parfaitement beau feu ; M. de Châteaufort, en qui la mémoire et le jugement sont si admirables, et l’application si heureuse d’une infinité de belles choses qu’il sait ; M. des Billettes, qui n’ignore rien à vingt-trois ans de ce que les autres se font gloire de savoir à cinquante ; M. de La Morlière, dont les mœurs sont si belles et la façon d’obliger si charmante ; M. le comte de Brienne, de qui le bel esprit répondit si bien à la grande naissance ; et ce tout savant et infatigable à produire tant de bonnes et si utiles choses, M. l’abbé de Villeloin. Il ne faut pas oublier dans cette nomenclature le célèbre mathématicien Rohaut, qui avait pour lui beaucoup d’amitié et d’estime ; ni Molière, qui faisait assez de cas de son talent pour lui voler une de ses meilleures scènes ; ni Gassendi, qui voulut bien l’admettre à ses leçons, dont il profita on ne peut mieux. — Gassendi, qui était précepteur de Chapelle, eut aussi Molière et Bernier pour élèves. — Heureux maître !

On a beaucoup parlé récemment du droit qu’avaient les grands génies de reprendre leur bien où ils le trouvaient ; on a fait beaucoup de folles phrases à ce sujet ; on a dit que ce n’était pas voler, mais conquérir ; on a cité le fumier d’Ennius, dont les perles appartenaient de droit à tout Virgile, qui les voulait prendre ; on a prétendu que c’était bien de l’honneur au pauvre Ennius qu’un Virgile daignât prendre la peine de polir, d’en-