Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/238

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grâce tendre et pénétrante que peut prendre la ligne droite ainsi ménagée : la chambre des députés, la Madeleine, que nous croyons ressembler au Parthénon, ne sont que des imitations grossières, comme celles que font les enfants à l’aide de pièces de bois géométriquement taillées à l’avance dans les jeux d’architecture qu’on leur donne au jour de l’an.

Malheureusement, le tympan du fronton est brisé ; ce n’est pas au temps qu’il faut s’en prendre. Un dessin fait en 1600 représente presque entier le chef-d’œuvre de la sculpture grecque. Il avait traversé les siècles et les barbaries ; encore trois pas de cent ans, il arrivait jusqu’à nous dans sa radieuse intégrité, les Gaulois de Brennus, les Bourguignons de Gautier de Brienne, les Florentins d’Acciajuoli, les Turcs d’Othman n’avaient pas effleuré sa dure chair de marbre ; à peine quelques boulets de Morosini le Péloponésien y étaient-ils inscrits en ricochets blancs sur les divines sculptures. C’est un civilisé, lord Elgin, qui a fait arracher du fronton les figures de Phidias ménagées par les bombes ; il l’a fait avec une brutalité de Vandale et une maladresse de portefaix ivre, et s’est attiré cette épigramme vengeresse de Byron, que le noble poëte est allé graver au haut du monument profané, au ris-