Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/43

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four et de l’étuve. Le pain y aurait cuit ; les hommes y fondaient en sueur : nous étions trempés au bout de dix minutes comme en sortant de l’eau. Il ne faudrait pas de longues préparations aux habitués de ce café pour remplacer, dans les foires et les réjouissances publiques, feu l’homme incombustible de Tivoli.

Ce fut avec une satisfaction inexprimable que nous retrouvâmes l’air comparativement frais du dehors.

Les rues commençaient à devenir désertes, et l’on ne voyait plus que quelques Mores attardés regagnant leurs logis une lanterne de papier à la main. Il était l’heure de redescendre dans la ville française et de prendre le chemin de notre auberge ; une nuit de repos dans un lit sérieux nous était nécessaire, car la somnolence épaisse qui nous avait engourdis dans les tiroirs du Pharamond ne pouvait compter pour du sommeil.

Nous étions si vivement excités par le désir de voir et de nous saturer de couleur locale, que, malgré notre fatigue, nous nous levâmes de grand matin pour courir les rues.

La ville, débarrassée de cette apparence fantastique que la nuit prête aux objets, restait encore étrange et mystérieuse ; les ombres disparues laissaient voir des teintes d’une blancheur éblouissante, tranchant avec