Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/211

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dresse du marbrier et le titre de propriété du caveau où reposait sa mère. Elle mit dans le paquet trois billets de mille francs, somme qui payait et au delà toutes les dépenses prévues ; puis elle expédia le tout à l’agence funéraire en chargeant la lettre.

— C’est fait ! se dit-elle alors, avec un soupir profond et un sourire amer ; à présent, je suis morte !

On reçut par le télégraphe la réponse de l’agence. Tout serait fait comme Lucienne le désirait : la messe était commandée, les lettres de faire-part étaient expédiées. Le corps devrait partir de Chagny le 9, par le train direct de minuit. D’ailleurs, un employé de l’agence viendrait chercher le cercueil et l’escorterait jusqu’à Paris.

Le soir même, en effet, cet employé arriva à dix heures et demie. Il était grave, solennel, d’une convenance parfaite. Il attribua à la douleur le trouble de Lucienne, qu’il prenait pour une parente de la défunte. Elle était vêtue de noir et un voile épais retombait sur son visage.

— Chargez-vous de tout, dit-elle à cet homme. Et, une fois arrivé à Paris, ne vous occupez pas de moi. Je crois que je n’aurai pas la force d’assister à la cérémonie.

— Ne vous inquiétez de rien, mademoiselle. Nous sommes là pour vous épargner tout ennui, et nous connaissons notre devoir, lui dit-il en la saluant profondément.

L’heure du départ sonna enfin.