Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/26

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voient indéfiniment leurs reflets. Le moindre de ces salons eût contenu sans peine toute une maison, comme les architectes les construisent aujourd’hui. Il fallait pour les remplir la gigantesque vie d’autrefois. C’est tout au plus si des buissons de bougies plantés dans d’énormes torchères suffisaient à faire discerner les tapisseries passées de ton, les cuirs de Cordoue à grands ramages, et les fresques assombries qui décoraient ces vastes murailles. De loin en loin, dans son cadre de vieil or rougi, une scène mythologique peinte par quelque Bolonais à la suite des Carrache, faisait sortir d’un chaos d’ombre la chair blanche d’une nymphe ou d’une déesse ; d’antiques cabinets de laque envoyaient les éclairs roses et bleus de leurs incrustations en burgau ; de vieux fauteuils dorés prenaient des paillettes de lumière sur les reliefs de leurs sculptures ; les figures couchées au-dessus des chambranles et soutenant le blason des Pan-