Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/27

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dolfi s’illuminaient de luisants singuliers, et prolongeaient jusqu’au plafond leurs ombres déformées et spectrales.

À travers ces salons où se tenaient quelques domestiques en livrée sombre, indiquant la route, les invités passaient comme des fantômes, et le silence était si profond qu’on entendait le craquement de leurs bottes vernies sur les parquets de marqueterie ou de mosaïque d’un bout à l’autre des salles.

C’était dans la dernière pièce qu’avait lieu la réception. De fortes lampes enchâssées dans d’immenses potiches du Japon, un lustre à quarante branches, descendant d’un plafond représentant l’Olympe au bout d’un câble de soie accroché au ceste de Vénus, des appliques chargées de bougies et reflétant leurs lumières dans des miroirs d’argent poli, y produisaient une véritable illumination à giorno, qui permettait de saisir tous les détails d’un luxueux ameublement