Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ranèse a représenté une échelle infinie de degrés serpentant à travers de noires et formidables architectures, et gravie péniblement par un homme qu’on revoit à chaque palier plus las, plus délabré, plus maigre, plus spectral et qui, arrivé, après tant d’efforts, au haut de cette babel d’escaliers partant du centre de la terre, reconnaît avec un affreux désespoir qu’elle aboutit à une trappe impossible à soulever. Si les ruines romaines ne sont pas hantées de fantômes traînant des ferrailles comme les ruines gothiques, elles ont aussi leurs terreurs. Les larves, les lémures, les lamies, les empouses, les stryges valent bien les brucolaques, les goules, les aspioles, les égrégores et toute la hideuse population nocturne des lieux abandonnés, et Lothario, à force d’errer dans ce rêve de pierre, commençait à éprouver des inquiétudes nerveuses, des frissons maladifs. Il n’avait sur lui qu’un mince habit de soirée ; le froid hu-