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Page:Gautier - Mademoiselle de Maupin (Charpentier 1880).djvu/191

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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

et courtois. — Où en étiez-vous ? dit Théodore. J’ai peut-être interrompu une conversation intéressante : continuez, de grâce, et mettez-moi au fait en quelques mots.

— Oh non ! répondit Rosette avec un sourire malicieux ; nous parlions d’affaires.

Théodore s’assit au pied du lit de Rosette, car d’Albert avait pris place du côté du chevet, par droit de premier arrivé ; la conversation flotta quelque temps de sujet en sujet, très-spirituelle, très-gaie et très-vive, et c’est pourquoi nous n’en rendrons pas compte ; nous craindrions qu’elle ne perdît trop à être transcrite. L’air, le ton, le feu des paroles et des gestes, les mille manières de prononcer un mot, tout cet esprit, semblable à de la mousse de vin de Champagne qui pétille et s’évapore sur-le-champ, sont des choses qu’il est impossible de fixer et de reproduire. C’est une lacune que nous laissons à remplir au lecteur, et dont il s’acquittera assurément mieux que nous ; qu’il imagine à cette place cinq ou six pages remplies de tout ce qu’il y a de plus fin, de plus capricieux, de plus curieusement fantasque, de plus élégant et de plus pailleté.

Nous savons bien que nous usons ici d’un artifice qui rappelle un peu celui de Timanthe qui, désespérant de pouvoir bien rendre la figure d’Agamemnon, lui jeta une draperie sur la tête ; mais nous aimons mieux être timide qu’imprudent.

Il ne serait peut-être pas hors de propos de chercher les motifs pour lesquels d’Albert s’était levé si matin, et quel aiguillon l’avait poussé à venir chez Rosette d’aussi bonne heure que s’il en eût encore été amoureux, — il y a apparence que c’était un petit mouvement de jalousie sourde et inavouée. Assurément il ne tenait pas