Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/124

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leurs industrieuses démarches étaient parvenus à découvrir que le manolo blessé rue del Povar n’était autre que M. de Salcedo, et l’alcade du quartier avait écrit à don Geronimo que le jeune homme auquel il s’intéressait avait été retrouvé chez une manola de Lavapiès, qui l’avait recueilli à moitié mort devant sa porte et couvert, on ne savait pourquoi, d’un vêtement de majo.

Feliciana, à cette nouvelle, se posa cette question, à savoir si une jeune fiancée peut aller voir en compagnie de son père ou d’une parente respectable, son fiancé dangereusement blessé. N’y a-t-il pas quelque chose de choquant à ce qu’une demoiselle bien élevée voie prématurément un homme dans un lit ? Ce spectacle, quoique rendu chaste par la sainteté de la maladie, n’est-il pas de ceux que doit se refuser une vierge pudique ? Mais cependant, si Andrès allait se croire abandonné et mourait de chagrin ! Ce serait bien triste.

« Mon père, dit Feliciana, il faudra que nous allions voir ce pauvre Andrès.

— Volontiers, ma fille, répondit le bonhomme ; j’allais te le proposer. »