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Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/125

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VIII


Grâce à la force de sa constitution et aux bons soins de Militona, Andrès fut bientôt en voie de guérison : il put parler et s’asseoir un peu sur son séant ; le sentiment de sa situation lui revint : elle était assez embarrassante.

Il présumait bien que sa disparition devait avoir jeté Feliciana, don Geronimo et ses autres amis dans une inquiétude qu’il se reprochait de ne pas faire cesser ; et pourtant il ne se souciait guère de faire savoir à sa novia qu’il était dans la chambre d’une jolie fille, pour le compte de laquelle il avait reçu un coup de navaja. Cette confession était difficile, et cependant il était impossible de ne pas la faire.

L’aventure avait pris des proportions toutes différentes de celles qu’il avait voulu d’abord lui donner ; il ne s’agissait plus d’une intrigue légère avec une fillette sans conséquence. Le dévouement et le courage de Militona la plaçaient sur une tout autre ligne. Que dirait-elle lorsqu’elle apprendrait qu’Andrès avait engagé sa foi ? L’idée du courroux de Feliciana touchait moins le jeune blessé que celle de la douleur de Militona. Pour l’une, il s’agissait d’une impropriété, pour l’autre d’un désespoir. Cet