Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/138

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Sir Edwards, qui donnait le bras à Feliciana, n’était pas ajusté dans un style moins précieux ; son chapeau presque sans bord, son habit aux basques rognées, son gilet quadrillé bizarrement, son col de chemise triangulaire, sa cravate de satin improved Moreen foundation, faisaient un digne pendant aux magnificences étalées par la fille de don Geronimo.

Jamais couple mieux assorti n’avait cheminé côte à côte ; ils étaient faits l’un pour l’autre et s’admiraient réciproquement.

On arriva à la rue del Povar, non sans de nombreuses plaintes de Feliciana sur le mauvais état des pavés, sur l’étroitesse des rues, l’aspect maussade des bâtisses, lamentations auxquelles le jeune Anglais faisait chorus en vantant les larges trottoirs de dalles ou de bitume, les immenses rues et les constructions correctes de sa ville natale.

« Quoi ! c’est devant cette masure que l’on a ramassé M. de Salcedo déguisé et blessé ? Que pouvait-il venir faire dans cet affreux quartier ? dit Feliciana d’un air de dégoût.

— Étudier philosophiquement les mœurs du peuple ou essayer sa force au couteau, comme à Londres je me fais, pour placer des coups de poing nouveaux, des querelles dans le Temple et dans Cheapside, répondit le jeune lord dans son jargon hispano-britannique.