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JULES JANIN

Académicien d’hier, — il devrait l’être, en bonne justice, depuis vingt ans.

Celui qui, à dater de 1830, marque chaque semaine de son chiffre J. J. le coin du Journal des Débats, doit au feuilleton la meilleure partie de sa gloire ; et, pour la première fois, le feuilleton s’asseoit avec lui au fauteuil académique. Qui est étonné et ravi d’un tel honneur ? C’est J. J., car il est modeste, et cette petite broderie verte sur son habit comble tous ses vœux : hoc erat in votis, dirons-nous, pour placer une de ces citations latines qu’il aime tant à faire ; ambition légitime et touchante d’un écrivain pour qui la littérature a toujours été un but et non un moyen d’arriver à autre chose ; cette palme à sa manche et à son collet, il l’a bien méritée ; on la lui a fait longtemps attendre, mais enfin il l’a, et nous lui en faisons notre sincère compliment. Quand on n’est ni prince, ni duc, ni évêque, ni moine, ni ministre, ni jurisconsulte, ni homme politique, ni même homme du monde, mais tout simplement un lettré, il est aussi difficile d’entrer à l’Académie qu’à un