Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/229

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cient plus que nous, sans doute à cause de sa rareté. Nous avons retrouvé en Espagne les mêmes admirations pour les ombrages du parc d’Aranjuez, que le Tage arrose, et qui est rempli d’arbres du Nord.

Florence, il y a quelques années, surtout avant que les événements politiques eussent effarouché les touristes opulents, était comme le salon de l’Europe ; on y retrouvait en grand

Tout ce monde doré de la saison des bains.

C’était là que se rendaient de tous les points de l’horizon les Anglais fuyant le brouillard natal, les Russes secouant la neige d’un hiver de six mois, les Français accomplissant le voyage à la mode, l’Allemand cherchant le naïf dans l’art, les cantatrices et les danseuses retirées du théâtre, les existences et les fortunes problématiques, les reines déchues, les jolis ménages unis à Gretna-Green ou tout simplement devant l’autel de la nature, les femmes séparées de leur mari pour une cause ou pour une autre, les grandes dames ayant l’ait un coup de tête, les princesses traînant à leur suite des ténors du des jeunes gens à barbe noire, les dandys à demi ruinés par Bade ou Spa, les victimes du lansquenet et du crédit parisien, les vieilles filles rêvant quelque aventure inci-