Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/93

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aisément comprendre le récit des divers incidents du combat à ceux qui n’en ont point vu.

La place regorge de monde. Les aficionados (amateurs) font un joyeux vacarme au moyen de trompes, de cornets, de sifflets, de crécelles ; un ouragan de bruit plane au-dessus de l’arène, que dore un rayon de soleil inespéré, car il avait plu la veille, et le ciel est du bleu le plus pur. En attendant l’ouverture de la course, placé comme nous l’avons dit plus haut, sur le toril, nous regardons, dans la cour palissadée qui les renferme, les acteurs à cornes de la représentation. Ils ont assez bonne mine. Deux ou trois poutres, formant pont au-dessus, d’eux, permettent aux vaqueros de les surveiller et de les pousser vers les loges du toril. Dans la plate-forme que nous occupons, et dont le bord est garni de fauteuils, sont coupées trois trappes qu’on lève pour irriter le taureau, lui planter sur le garrot la devise de sa ganaderia, et le déterminer à s’élancer vers la place. On nous recommande de ne pas reculer trop notre siége, sous peine de tomber sur les cornes de la bête dans sa logette obscure : recommandation inutile, assurément, car les coups furieux qu’elle donnait contre les cloisons et qui ébranlaient la charpente nous ôtaient toute envie de nous trouver en tête-à-tête avec elle. Nous exami-