Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/94

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nons aussi les physionomies farouches des vaqueros, presque aussi sauvages que les dangereux troupeaux qu’ils conduisent.

Ces hommes ont la tête serrée par un mouchoir roulé en corde ; un gilet de drap bleu, des culottes de velours verdâtre écrasé et miroité à tous les plis, une large ceinture rouge enveloppant les hanches, des bas de laine coupés à la cheville et des alpargatas composent leur costume. Les traits de leur figure, brunie par cent couches de haie, semblent sculptés dans l’acajou, Les soleils de l’Amérique ne doivent pas brûler davantage les chasseurs des pampas.

La musique sonne une marche : tous les regards se fixent sur l’arène ; l’alguacil, tout de noir vêtu, va demander la permission de présenter la quadrille qui défile sur la place, et salue la loge impériale en fléchissant le genou. Picadores, chulos, banderilleros, espadas, se dispersent et vont chacun à son poste ; les trois picadores s’espacent à la gauche du toril, s’affermissent sur leurs arçons, et mettent leur lance en arrêt ; les chulos et les banderilleros papillonnent, faisant briller leurs capes roses, vertes ou bleues ; l’épée se tient à quelque distance de la barrière pour diriger la lutte, qu’il doit seul terminer.