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richard wagner

sonne à Lucerne, et cette tranquillité était favorable à son travail, je le voyais donc absolument en famille dans toute la simplicité de sa vie et je pus me faire une idée exacte de son caractère.

Ce qui m’avait le plus frappé, au premier abord, dans cette tête puissante et volontaire, après l’éclat extraordinaire des prunelles et l’intensité du regard, c’était l’expression d’infinie bonté qui flottait sur les lèvres et qu’aucun de ses portraits ne laissait soupçonner.

Cette bonté quasi divine, je la voyais rayonner de lui à toute minute ; elle était visible dans l’adoration qu’il inspirait, non seulement à sa famille, mais à tous ceux qui l’entouraient ; le personnel de son petit domaine abusait même de cette mansuétude ; il s’augmentait peu à peu de toutes sortes de parents plus ou moins proches, qui, venus en visite, ne s’en allaient plus.

À mesure que je connus le Maître davantage, je vis s’affirmer en toutes choses cette admirable tendresse de l’âme qui n’a rien de