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richard wagner

gnalent le poulailler ; il est vaste et très coquet : on dirait un coin du Jardin d’acclimatation. Des paons, des faisans argentés, des poules rares, une nuée de pigeons, l’emplissent, défiant le couteau du cuisinier ; car ils sont là aussi sacrés que s’ils prenaient leurs ébats dans l’enclos d’un temple brahmanique.

C’est devant le salon, autour du jet d’eau, que s’étend, le jardin d’agrément ; de jolies pelouses, des corbeilles de roses du Bengale, des fleurs de toutes sortes, mais dont beaucoup sont déjà mordues par la gelée. Un bois touffu enferme, comme une muraille, cet espace libre. Il faut s’enfoncer sous son ombre pour approcher de ce tombeau dont on a tant parlé déjà, et que par une fantaisie assez lugubre, le maître a fait construire en même temps que sa maison. Il est complètement enveloppé par le taillis épais et sans issue ; c’est seulement quand l’automne dépouille les arbres que l’on aperçoit, à travers le fouillis des branches, une grande dalle de marbre gris, sur laquelle les ronces s’entremêlent.