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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/185

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— Chassez de telles idées qui feraient fuir à jamais l’esprit, ne cherchez pas à expliquer l’inexplicable, et abandonnez-vous avec une foi et une soumission absolues à l’influence qui vous guide. Le moindre doute amènerait une rupture et vous causerait d’éternels regrets. Une permission rarement accordée réunit dans le ciel les âmes qui ne se sont pas rencontrées dans la vie ; profitez-en, et montrez-vous digne d’un pareil bonheur.

— J’en serai digne, croyez-le bien, et je ne ferai pas souffrir une autre fois à Spirite les douleurs que je lui ai infligées bien innocemment pendant qu’elle habitait encore ce monde. Mais j’y pense à présent, dans le récit qu’elle m’a dicté, cette âme adorable ne m’a pas dit le nom dont elle se nommait sur terre.

— Tenez-vous à le savoir ? Allez au père Lachaise, gravissez la colline, et près de la chapelle vous verrez une tombe de marbre blanc sur laquelle est sculptée une croix couchée et ornée à son croisillon d’une couronne de roses aux délicates feuilles de marbre, chef-d’œuvre d’un ciseau célèbre. Dans le médaillon formé par la couronne, une courte inscription vous apprendra ce que je n’ai pas été autorisé formellement à vous dire. La tombe, dans son muet langage, parlera à ma place, quoique, à mon avis, ce soit là une curiosité vaine. Qu’importe un nom terrestre, quand il s’agit d’un éternel amour ? Mais