Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/42

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comme aurait pu le faire la brusque détonation d’une arme à feu. Son ouïe était surexcitée à ce point qu’il entendait les pulsations de ses artères et les battements de son cœur retentir jusque dans sa gorge. Mais, parmi tous ces murmures confus, il ne put démêler rien qui ressemblât à un soupir.

Ses yeux, qu’il fermait de temps à autre dans l’espoir d’y amener le sommeil, se rouvraient bientôt et scrutaient les recoins de la chambre avec une curiosité qui n’était pas sans appréhension. Guy désirait vivement voir quelque chose, et cependant il redoutait que son vœu fût accompli. Parfois, ses prunelles dilatées s’imaginaient apercevoir des formes vagues dans les angles où n’atteignait pas la lueur de la lampe rabattue par un abat-jour vert ; les plis des rideaux prenaient l’aspect de vêtements féminins et semblaient palpiter comme agités par le mouvement d’un corps, mais ce n’était qu’une pure illusion. Des bluettes, des points lumineux, des taches de dessin changeant, des papillons, des filets onduleux et vermiculés dansaient, fourmillaient, s’agrandissaient, se rapetissaient devant son regard fatigué, sans qu’il pût discerner rien d’appréciable.

Agité plus qu’on ne saurait dire, et sentant, quoiqu’il n’entendît et ne vît rien, la présence de l’inconnu dans sa chambre, il se leva, passa un mach’lah en poil de chameau qu’il avait rapporté