Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/371

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mode, et que des théâtres, le spectacle fini, sortent des théories de spectateurs, si vous levez, disons-nous, les yeux, vous verrez à l’étage supérieur de cette façade éteinte, trembloter comme une petite étoile, derrière la rougeur du rideau, une faible clarté de lampe, compagne d’une veillée studieuse. C’est là que médite, aussi absorbé dans sa contemplation que le Philosophe de Rembrandt sous la spirale de son escalier, un penseur, un savant acharné à la solution d’un problème d’où dépend peut-être l’avenir du monde, un historien faisant revivre le passé par des évocations magiques, un poëte nouant et dénouant le nœud gordien du drame ou lançant vers le ciel le groupe des strophes étoilées. Malgré la dissipation apparente de Paris, au milieu de ses places fourmillantes, des stylites de la pensée se tiennent toujours debout sur la colonne de leur idée ou de leur rêve, insouciant de la foule qui bourdonne à leurs pieds.

On accuse Paris, la noble ville, de manquer d’idéal, de douter de l’âme, de ne croire à rien, de mépriser la vertu et de se ruer effrénément aux jouissances de la matière. Quelle erreur ou quelle calomnie ! Cette brutalité d’appétits n’est