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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/109

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Paul.

Pour un millionnaire excentrique et blasé,
Se tuer n’est pas neuf.

Lord Durley.

Se tuer n’est pas neuf.Mais vivre est bien usé.
Repoussé, je m’immole à votre humeur jalouse ;
Mais si je suis choisi, vous mourrez et j’épouse.
C’est dit. — Adieu !



Scène 5



Georges, Paul



Georges.

C’est dit. — Adieu !Non, non, cent fois non !

Paul.

C’est dit. — Adieu ! Non, non, cent fois non !Calme-toi.

Georges.

Avec son flegme anglais, il m’a mis hors de moi.
Que Dieu damne ses yeux, que le diable l’emporte !
Un mot de plus, j’allais le jeter à la porte.

Paul.

Là, là, Georges, tout beau ! modère ce courroux,
Ne pleure pas. Voyons ! tu seras son époux ;
Lord Durley ne l’a pas dans sa poche enlevée,
Et pour moi, je renonce à l’union rêvée.
Tu l’aimes donc beaucoup ?

Georges.

Tu l’aimes donc beaucoup ?Comme un fou, comme un sot.
Je vivrais d’un sourire et je mourrais d’un mot.

Paul.

Comme on change ! D’ailleurs tu n’as rien vu qui puisse
Faire croire qu’elle aime un autre, ou te haïsse ?