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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/178

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Colombine.
Du trépas de Pierrot nous n’avons pas la preuve ;
S’il allait reparaître, ainsi qu’un chien perdu !
S’il n’avait pas été suffisamment pendu !

Arlequin.
Bah ! rien n’est plus certain : son extrait mortuaire,
Sur le premier feuillet de tout dictionnaire,
Se voit lisiblement écrit ou parafé,
Au-dessous d’un pierrot au gibet agrafé.

Colombine.
Ce sont titres fort bons qu’on ne saurait produire
Quand devant le notaire il me faudra conduire ;
Car je pense, Arlequin, pour l’honneur de vos vœux,
Qu’ils tendent à serrer le plus sacré des nœuds.
Par un certificat, en forme légitime,
Démontrez-moi qu’on peut les accueillir sans crime,
Je vous accorderai très volontiers ma main ;
Mais, jusque-là, néant !… je passe mon chemin.



Scène 2



Arlequin, seul.


Arlequin. –––
Quoi ! vous fuyez, méchante, avec cet air si tendre !
Et la souris, hélas ! vous partez sans la prendre !
Ah ! les femmes !… pourquoi faut-il que nous soyons
Toujours acoquinés après leurs cotillons !
Tout irait mieux, si Dieu ne t’avait fait d’un geste
Sortir du flanc d’Adam, côtelette funeste !
––Il met la souricière à terre, près de la maison de Colombine.
Cette preuve, où l’avoir ?… Je ne puis, comme un sot, ––
Aller chez ces païens m’enquérir de Pierrot.
Des registres civils aux États barbaresques !