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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/199

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Pierrot.
Vous venez d’opérer… Je frémisd’épouvante !…

Arlequin.
L’ingurgitation d’une souris vivante !…

Pierrot.
Je la sens qui remue… et dans mon estomac
Ses évolutions font un affreux mic-mac…
Comme dans une cage, elle tourne, elle tourne…

Arlequin .
Quand un endroit lui plait, longtemps elle y séjourne.

Pierrot.
Croire avaler la vie et boire une souris !

Arlequin.
Sans doute vous avez chicané sur le prix.
Le docteur mécontent d’une somme incomplète,
Veut orner son armoire avec votre squelette.

Pierrot.
Vous êtes consolant !… Oh ! quel saut elle a fait !…

Arlequin, riant.
Ha ! ha ! ha ! l’élixir eut produit moins d’effet !…

Pierrot.
Tu railles, scélérat ! tu ris de mes tortures !

Arlequin.
Hi ! hi ! vit-on jamais plus grotesques postures ?

Pierrot.
Misérable !

Arlequin, ressentant les effets de l’élixir.
Misérable ! Aïe ! aïe ! aïe ! ai-je pris du poison ?
Je me sens travaillé d’une étrange façon…
Je suis comme l’on est les jours de médecine…
Ah ! traîtresse liqueur !… Ah ! boisson assassine !

Pierrot.
Je la sens, sous ma peau, marcher, trotter, courir,
Comme dans un buffet que je ne puis ouvrir ;