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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/208

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Puis le vent prend la cendre et la jette aux ruisseaux.

Colombine.
Quelle horreur !… À jamais de vous je me sépare.

Pierrot.
Ce procédé me semble un tant soit peu barbare.

Le Docteur.
J’en connais un plus doux, qu’on pourrait employer :
Certaine potion… mais il la faut payer.

Pierrot.
Avec quoi ?

Le Docteur.
Avec quoi ? Vos boutons, gros comme des ampoules,
Ont des onces d’Espagne et des ducats pour moules.

Pierrot.
Chut !

Le Docteur.
Chut ! Un seul me suffit.

Pierrot.
Chut ! Un seul me suffit. Je vais vous le donner.

Colombine.
Vampire ! je me risque à te déboutonner…
Tu ne me fais plus peur, cher Pierrot de mon âme !
Allons, donne un baiser à ta petite femme…
Je te dorloterai, je te bichonnerai…
S’il te manque un bouton, je te le recoudrai…
––Elle lui arrache les boutons de son habit.

Pierrot.
Fort bien ; mais c’est montrer trop de zèle, peut-être,
Que les couper soi-même afin de les remettre.

Colombine.
Laisse-moi, dans mes bras, sur mon cœur te presser !
Tendre vigne, à l’ormeau laisse-moi m’enlacer !
––On entend geindre Arlequin.

Arlequin, à la cantonade.
Humph !