Aller au contenu

Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le Docteur.
Humph ! Qui peut soupirer et geindre de la sorte ?

Pierrot.
Est-ce un veau que l’on sèvre ?…

Colombine.
Est-ce un veau que l’on sèvre ?… Un chien mis à la porte ?

Pierrot.
C’est Arlequin.

Colombine.
C’est Arlequin. Qu’a-t-il à pousser ces clameurs ?

Le Docteur.
Pourquoi s’est-il juché tout là-haut ?

Arlequin, à la fenêtre de sa maison qui fait face au public.
Pourquoi s’est-il juché tout là-haut ? Je me meurs !…
Je suis empoisonné !

Le Docteur.
Je suis empoisonné ! Bon ! je cours à votre aide :
Pour vous réconforter j’ai là certain remède !

Arlequin.
Non, vous m achèveriez.

Colombine.
Non, vous m achèveriez. Dites, qu’avez-vous pris
Pour souffrir de la sorte et pousser de tels cris ?

Arlequin, de sa fenêtre.
J’ai bu de l’élixir de longue vie !…

Pierrot.
J’ai bu de l’élixir de longue vie !… Étrange
Effet ! la longue vie en mort brusque se change !

Colombine.
Malheureux Arlequin !… Qu’avez-vous fait, docteur ?

Arlequin, de sa fenêtre.
Tu m’as trompé ! tu n’es qu’un gueux, qu’un imposteur !

Le Docteur.
Non, mon élixir reste à son titre fidèle,