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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/220

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Peut-être des Talma sont à l’état d’ébauche.

L’Esprit chagrin, à part.
Avec ses grands acteurs en probabilité,
Il n’aura pour public que la postérité !

Le Directeur.
Saluez mon Agnès, un ange !

L’Esprit chagrin.
Saluez mon Agnès, un ange !Moins les ailes !

Le Directeur.
Qu’en savez-vous ? — Voyez l’azur de ces prunelles.
Cette paupière blonde et ce regard voilé ;
Arnolphe aurait bien tort de la tenir sous clé.

L’Esprit chagrin.
Il aurait bien raison.

Le Directeur.
Il aurait bien raison.J’ai là quelques soubrettes
Expertes à mener les choses d’amourettes ;
Qui, le rire à la bouche et l’étincelle aux yeux,
Font réussir le jeune avec l’argent du vieux…
Voulez-vous des valets ? en voilà : Mascarille,
Scapin, gens de conseil pour les fils de famille ;
Ces démons galonnés qui ne redoutent rien,
Sont capables de tout, hors de faire le bien !
Voici madame Argan, duègne prématurée.

L’Esprit chagrin.
Pourvu que le théâtre ait un peu de durée,
Elle aura le physique et l’âge de l’emploi.

Le Directeur.
S’il faut suivre la reine ou précéder le roi,
Courir avec un maître en galant équipage,
Ces jambes-là, mon cher, feront un joli page.
C’est l’heureux suppléant du comte Almaviva,
Le Chérubin d’amour que Rosine rêva.