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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/259

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les fanfares se rapprochent, et l’on voit des piqueurs et des valets de chasse sur la colline.

SCÈNE VIII

Le prince et Bathilde, sa fille, paraissent bientôt, à cheval, accompagnés d’une nombreuse suite de seigneurs, de dames, de fauconniers le faucon au poing. La chaleur du jour les accable ; ils viennent chercher un endroit favorable pour se reposer : un piqueur indique au prince la chaumière de Berthe ; il frappe à la porte, et Giselle paraît sur le seuil, suivie de sa mère. Le prince demande gaiement l’hospitalité à la vigneronne ; celle-ci lui offre d’entrer dans sa chaumière, quoique bien pauvre pour recevoir un si grand seigneur !

Pendant ce temps, Bathilde fait approcher Giselle ; elle l’examine et la trouve charmante. Giselle lui fait de son mieux les honneurs de sa modeste demeure ; elle engage Bathilde à s’asseoir et lui offre du laitage et des fruits ; Bathilde, ravie des grâces de Giselle, détache de son cou une chaîne d’or, et la passe à celui de la jeune fille, toute fière et toute honteuse de ce présent.

Bathilde interroge Giselle sur ses travaux, sur ses plaisirs.

« Elle est heureuse ! elle n’a ni chagrins, ni soucis ; le matin, le travail ; le soir, la danse ! Oui, dit Berthe à Bathilde, la danse surtout… c’est là sa folie. »

Bathilde sourit et demande à Giselle si son cœur a parlé, si elle aime quelqu’un !… « Oh ! oui ! s’écrie la jeune fille en montrant la chaumière de Loys, celui qui demeure là ! mon amoureux, mon fiancé !… je mourrais s’il ne m’aimait plus ! » Bathilde semble s’intéresser vivement à la jeune fille… leur position est la même, car elle aussi va se marier