Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reconnaître son petit empire, dont elle vient chaque nuit prendre de nouveau possession. Elle se baigne dans les eaux du lac, puis se suspend aux branches des saules et s’y balance.

Après un pas dansé par elle seule, elle cueille une branche de romarin, et en touche alternativement chaque plante, chaque buisson, chaque touffe de feuillage.

SCÈNE IV

A mesure que le sceptre fleuri de la reine des Wilis s’arrête sur un objet, la plante, la fleur, le buisson s’entr’ouvrent, et il s’en échappe une nouvelle Wili qui vient, à son tour, se grouper gracieusement autour de Myrtha, comme les abeilles autour de leur reine. Celle-ci, étendant alors ses ailes azurées sur ses sujettes, leur donne ainsi le signal de la danse. Plusieurs Wilis se présentent alors alternativement devant la souveraine.

C’est Moyna, l’odalisque, exécutant un pas oriental ; puis Zulmé, la Bayadère, qui vient développer ses poses indiennes ; puis deux Françaises, figurant une sorte de menuet bizarre ; puis des Allemandes, valsant entre elles… Puis enfin la troupe entière des Wilis, toutes mortes pour avoir trop aimé la danse, ou mortes trop tôt, sans avoir satisfait cette folle passion, à laquelle elles semblent se livrer encore avec fureur sous leur gracieuse métamorphose.

Bientôt, sur un signe de la reine, le bal fantastique s’arrête… Elle annonce une nouvelle sœur à ses sujettes. Toutes se rangent autour d’elle.