Aller au contenu

Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour lui, et il demande à l’opium des extases et des hallucinations. — D’un geste, il congédie les femmes, même sa favorite Nourmahal, et ordonne qu’on lui apporte sa pipe. Roucem frappe des mains ; de petits nègres, bizarrement vêtus, entrent, apportant l’un la pipe à champignon de porcelaine, à bouquin d’ambre jaune ; l’autre, la boîte de filigrane d’argent, qui contient la pâte opiacée ; un troisième tient un flambeau de cire ; un quatrième l’aiguille d’argent, qui sert à déposer la pâte enflammée sur le champignon ; un cinquième s’agenouille pour supporter sur le coin de son épaule le poids de la pipe qui fatiguerait le maître. — Achmet aspire plusieurs gorgées de la fumée enivrante et ne tarde pas à tomber endormi sur la peau de lion qui recouvre le divan.

SCÈNE IV

L’opium agit sur le cerveau d’Achmet. Les contours des objets se confondent dans la chambre ; des vapeurs bleuâtres et rosées s’élèvent dans le fond, et en se dissipant, laissent apercevoir un espace immense, plein d’azur et de soleil, une oasis féerique avec des lacs de cristal, des palmiers d’émeraude, des arbres aux fleurs de pierreries, des montagnes de lapis-lazuli et de nacre de perle, éclairé par une lumière transparente et surnaturelle.

SCÈNE V

Les Péris, fées orientales, sont groupées autour de leur reine dans des attitudes de respect et d’admiration. La reine