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SCÈNE III

Achmet et Roucem, qui ont entendu qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire sur la terrasse, arrivent et aperçoivent Léïla étendue à terre ; Roucem, malgré sa frayeur, aide son maître à la faire revenir à elle. Léïla respire, ouvre les yeux, se relève et raconté qu’elle est une pauvre esclave et qu’elle s’est sauvée du harem du pacha, qui la poursuivait d’un amour auquel elle ne voulait pas répondre. Sa blessure est légère ; mais la peur, le saisissement l’ont fait évanouir. — Elle termine en demandant la protection d’Achmet, à qui elle jure obéissance et dévouement sans borne.

SCÈNE IV

Les odalisques accourent poussées par la curiosité ; elles considèrent attentivement la nouvelle venue. Les unes la trouvent charmante, les autres la critiquent. Prendra-t-elle dans le cœur du sultan la place laissée vide par Nourmahal ? C’est la grande question qui agite le harem. Léïla se prête avec beaucoup de douceur et de grâce aux avances de ses compagnes. Achmet, d’abord un peu contrarié de l’arrivée de Léïla, qui pourrait exciter la jalousie de la Péri, se laisse bientôt aller à des sentiments plus doux. Ému par une vague ressemblance, il l’interroge sur l’emploi qu’elle occupait dans le sérail du pacha, sur les talents qu’elle possède. — Je sais les ghâzels des meilleurs poëtes ; je joue de la guzla ; les almées les plus habiles du Caire m’ont appris à danser. — On apporte une guzla, on fait venir des musiciens ; elle joue et