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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/298

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SCÈNE V

Plus Achmet regarde Léïla, plus il lui trouve de ressemblance avec la Péri. C’est la même âme, le même sourire qui étincelle dans ses yeux d’azur et sur ses lèvres de roses ; pour compléter l’illusion, il va lui placer sur la tête l’étoile qu’il détache du bouquet. — Je ne suis pas une Péri, répond humblement Léïla, je ne suis qu’une pauvre esclave, une simple mortelle qui vous aime dans toute la simplicité de son cœur !

SCÈNE VI

Nourmahal, l’ancienne favorite d’Achmet, n’a pu dévorer l’affront qui lui a été fait, ni oublier un maître ingrat. Il n’y a rien de tenace comme l’amour méprisé. Grâce aux intelligences qu’elle a conservées dans le palais, elle est parvenue à pénétrer jusqu’à l’endroit où se trouvent Achmet et Léïla. La vue de ce groupe augmente sa fureur ; elle tire un poignard de sa ceinture et s’élance pour frapper Achmet ; heureusement, Léïla lui retient la main et détourne le coup. L’altière sultane s’en prend alors à Léïla ; mais Achmet s’interpose et arrache le kandjar des mains de Nourmahal, qu’il veut livrer au cimeterre des esclaves accourus. — Léïla demande la grâce de la sultane, qui reçoit à genoux cette faveur humiliante, et dont le courroux mal déguisé montre qu’elle n’accepte pas dans son cœur le pardon que lui jette une rivale.