Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/322

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— Ce résultat lui cause une désolation comique, qui se traduit par toutes sortes de contorsions et de grimaces.

Vient le tour de François : il amène le numéro le plus élevé ; il ne partira pas ! quel bonheur ! Dans sa joie, il embrasse son père, et surtout Pâquerette, à plusieurs reprises ; et Pâquerette le laisse faire : ce n’est pas le moment de marchander un baiser.

Cependant Job se lamente d’un air aussi piteux que son homonyme ; et le père Durfort, touché de la douleur de son unique rejeton, s’approche de lui et lui dit : « Ne te désole pas de la sorte ; tu ne partiras pas. J’ai des écus ; je t’achèterai un homme. — Voyons, qui de vous veut remplacer mon fils ? dit-il, en s’adressant aux garçons qui ont eu de bons numéros. C’est un sort si agréable, que de servir le roi, quand on a du cœur et le gousset garni ! »

Les offres de Durfort ne tentent ni Pierre, ni Jacques, ni Jérôme ; ils aiment mieux rester à cultiver leur petit champ entre leurs parents et leurs fiancées, que d’aller porter le mousquet pour quelques écus qui seraient bien vite dépensés.

Il vient à François, qui refuse également. Furieux de se voir rebuté, même par son débiteur, Durfort redemande son dû, en faisant observer que le délai est bientôt passé, et qu’il va instrumenter selon toute la rigueur de la loi. Le père Martin a beau supplier, demander du temps, Durfort ne veut rien accorder, et fait signe aux huissiers et aux recors de commencer leur besogne.

Alors François, qui a pris une grande résolution et veut sauver son père de la misère et de la prison, s’approche de Durfort et lui dit : « Terminons cette affaire ; faites retirer ces hommes… Je partirai à la place de votre fils… » Tous deux sortent ; et Bridoux qui, pendant ce temps, a fait mettre en rang les miliciens, au nombre desquels se trouve Job, donne le signal du départ ; les clairons sonnent, et la