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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/336

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jeunes filles en entourant François ; il faut d’abord que nous dansions.

Pendant ces débats, le maréchal des logis Bridoux et les cavaliers qu’il commande entrent dans l’auberge.

Le malheureux et ridicule Job Durfort, venu si maladroitement à la caserne, au moment de l’évasion de son remplaçant, fait partie de l’escouade ; il a l’air tout empêtré et tout gauche dans son harnais militaire, et il emmêle à chaque pas ses grandes jambes avec son sabre ; sa mine pâle, abattue, fatiguée, montre qu’il n’est pas né pour être un fils de Mars, et montre de douloureux souvenirs de la maison paternelle.

— Nous cherchons un soldat du régiment, qui a pris la fuite, dit Bridoux en s’adressant à l’aubergiste, à qui il donne le signalement du déserteur. — L’avez-vous vu ?

— Non, répond l’hôtelier au maréchal des logis. Pendant cette scène, François s’est assis à l’écart et tâche d’échapper aux regards de ses anciens compagnons d’armes.

Pâquerette, parvenue enfin à l’endroit du rendez-vous, entre dans l’auberge assez mal à propos, car, ainsi que le fait judicieusement remarquer Bridoux : « Quand on voit la maîtresse, l’amant ne doit pas être loin. » Attendons ici, l’alouette viendra d’elle-même se prendre au miroir ; puis, apercevant le joueur de vielle dans son coin, il l’amène au milieu de la scène en le toisant curieusement et lui ordonne de charmer les oreilles de l’assistance par les sons mélodieux de sa musique.

François, qui a eu soin de se faire reconnaître de Pâquerette par quelque signe pour qu’elle ne soit pas la dupe de la fausse nouvelle qu’il va débiter, dit à Bridoux. — Vous cherchez un soldat qui s’est échappé ?

— Oui, — tu l’as vu ? demande avidement le militaire.

— Je l’ai vu, il est mort, répond François.

— Mort ! s’écrie Bridoux d’un air incrédule.