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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/351

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Quatrième tableau

Intérieur simple et rustique d’une salle transformée en atelier de peintre ; çà et là, des plâtres, des esquisses appendues aux murailles, des chevalets, et, dans un angle, un grand cadre recouvert d’un voile.

Massimo, fou d’amour et de douleur, n’écoute pas Angiola, sa sœur, qui cherche à le consoler. — Ses regards ne peuvent se détacher d’une esquisse qu’il a faite de souvenir et qui représente Gemma ; cette image semble raviver son chagrin, et sa sœur l’emmène doucement. La jeune comtesse, cherchant un abri, arrive guidée par Giacomo. Elle reconnaît Angiola et lui conte son évasion du château de Santa-Croce ; jamais elle n’a cessé d’aimer Massimo, et sa trahison apparente provient sans doute d’un enchantement ou d’un philtre ; elle ne peut se l’expliquer autrement ; la griffe du diable se montre dans tout cela. Quant a la folie de Massimo, elle se fait fort de la guérir. — Pour l’accoutumer à la revoir, elle se place dans le cadre et se substitue à la peinture, dont elle prend l’attitude. Massimo rentre et voit l’image lui sourire doucement, lui tendre ses bras, se détacher de la bordure et venir à lui. Après une suite de poses coquettement amoureuses, Gemma fait comprendre à Massimo qu’elle n’est pas un vain fantôme, et peu à peu la raison revient à Massimo. — On frappe à la porte avec violence ; Gemma, effrayée, remonte dans son cadre sur lequel on tire un voile. Santa-Croce paraît sur le seuil et inspecte la chambre du regard ; il est à la recherche de la jeune comtesse. N’apercevant que des murs et des tableaux, il se retire pour continuer ses poursuites : ce danger évité, Gemma, sous un déguisement de paysanne, accompagnée de Massimo, d’Angiola et de Giacomo, également travestis, tâchera de regagner le château de San- Severino.