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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/66

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LE DUC.

Au contraire, ma belle, nous nous en souvenons. — À combien la fiche, monsieur le chevalier ?

LE CHEVALIER.

À un louis, pour commencer.

FLORINE.

Messieurs, de grâce…

LE CHEVALIER.

Si tu dis un mot de plus, Florine, l’on te fera embrasser M. de Vaudoré, qui est aujourd’hui dans un de ses beaux jours de laideur.

FLORINE.

Je vous cède la place, et vais informer ma maîtresse de ce qui se passe.

LE DUC.

Ce serait vraiment un meurtre de laisser prendre à une aussi jolie fille que Célinde des habitudes sauvages et gothiques ; maintenons-la malgré elle dans la bonne route, et ne lui laissons pas perdre les traditions de la belle vie élégante.

LE CHEVALIER.

La voici elle-même ; notre obstination a produit son effet.


Scène II

LES MÊMES, CÉLINDE.
LE DUC.

Ma toute belle, vous voilà donc enfin : vous voyez ici un duc, un marquis, un commandeur, un chevalier, et même un financier, qui se meurent de votre absence. D’où vous vient cette cruauté tout à fait hyrcanienne, qui vous rend insensible aux soupirs de tant d’adorateurs ? — Ce pauvre chevalier en a perdu le peu de sens qu’il avait ; il se néglige, ne se fait