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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/67

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plus friser que trois fois par jour, et porte la même montre toute une semaine. — C’est un homme perdu.

CÉLINDE.

Monsieur, cessez vos plaisanteries, — je ne suis pas d’humeur à les souffrir, — et dites-moi pourquoi vous restez chez moi de force et malgré mes ordres ? Est-ce parce que je suis danseuse et que vous êtes duc ?

LE DUC.

La violence de mon désespoir m’a rendu impoli. Je n’avais pas d’autre moyen ; je l’ai pris.

LE CHEVALIER.

Vous manquez à tout Paris.

LE COMMANDEUR.

L’univers est fort embarrassé de sa personne et ne sait que devenir.

LE DUC.

Si vous saviez comme Vaudoré devient stupide depuis qu’il ne vous voit plus !

CÉLINDE.

Vous voulez absolument que je quitte la place. Cette obstination est étrange ; vouloir visiter les gens en dépit d’eux !

LE COMMANDEUR.

Méchante ! est-ce que l’on peut vivre sans vous ?

CÉLINDE.

Je vous assure que je n’ai pas la moindre envie de vous voir, et que je ne forcerai jamais votre porte. — Retirez-vous, de grâce ; c’est le seul plaisir que vous puissiez me faire.

M. DE VAUDORÉ, à part.

Ô le petit démon ! — Décidément je ne lui parlerai pas de ma flamme, et je garderai pour une occasion meilleure ce petit quatrain galant écrit au dos d’une traite de cinquante mille écus que j’avais apportée tout exprès dans ma poche. — Je crois, en vérité, que la Rosimène est encore d’humeur moins revêche. Il me prend je ne sais quelles envies d’y retourner.