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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/83

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nom immortel pour un grimaud qui vous trompe, j’en suis sûr… Laisser cette grosse Rosimène faire craquer sous son poids les planches que vous effleuriez si légèrement du bout de votre petit pied, c’est impardonnable ! Le public a si mauvais goût, qu’il serait capable de l’applaudir.

CÉLINDE.

Le parterre prend souvent l’indécence pour la volupté et la minauderie pour la grâce.

LE DUC.

Vous n’auriez qu’à reparaître pour la faire rentrer parmi les figurantes à vingt-cinq sous la pièce, dont elle n’aurait jamais dû sortir.

CÉLINDE.

Pourquoi parler de cela, puisque mon sort est à jamais fixé ?

LE DUC.

Ce sont là des mots bien solennels.

SUZON, une lettre à la main.

Madame, voilà une lettre qu’un petit garçon m’a donnée pour vous.

CÉLINDE.

C’est l’écriture de Saint-Albin… Qu’est-ce que cela signifie ? Il vient de sortir à l’instant : que peut-il avoir à me dire ? Je tremble… rompons le cachet. — Duc, vous permettez.

LE DUC.

Comment donc !

CÉLINDE lit.
« Ma chère Célinde,

« Ce que j’avais à vous dire était tellement embarrassant, que j’ai pris le parti de vous en informer par une lettre. Vous allez m’appeler perfide, je ne fus qu’imprudent ; la destinée qui s’acharne sur moi ne veut pas que je sois heu-